Quand on dévoile les jeux, on peut se rendre compte que tu as finalement pris une bonne décision. Tu pouvais tout à fait flairer le bluff monstrueux chez moi, au risque de te gourrer royalement et de tomber sur une overpair.
François ne pouvait légitimement suivre qu'avec une overpair ou un brelan, mais il a cru que son tirage simple dans un coup réunissant 3 joueurs valait aisément AA ou KK. C'est humain. Et puis comme dirait l'autre :
"Errare humanum est." (Mais l'autre a quand même cru bon de rajouter : "Sed perseverare diabolicum." )Si tu avais dit tapis préflop ça m'aurait aidé assurément puisque j'aurais jeté allègrement mon jeu faiblard.
Par contre François avec son AJs, cela m'étonnerait grandement ; il était pourtant pris en sandwich dans ce cas.
François ne l'aurait jeté qu'à une seule condition : que ce soit Fanny qui ait relancé à tapis.
(Elle a d'ailleurs usé et abusé de son image sur notre président crédule. )Sa stratégie embryonnaire de bourrin obtus et prévisible montre ses limites depuis que les idiots et demeurés ont quitté le navire souchezois.
(On va encore bien se marrer aux prochains tournois régionaux avec un président qui ne passera pas la deuxième pause. )Mettre son tournoi en jeu sur un tirage couleur, fut-il max, est là pour en témoigner.
Pour moi, les cotes ne peuvent être utilisées que si on sait s'en servir pendant et après le coup. (C'est pour cela que je ne les utilise pas pour payer à hauteur de mon tapis, à moins peut-être d'être très short. Les cotes constituent d'ailleurs essentiellement un concept de cashgame. En tournoi, j'ai surtout retenu qu'un jeton économisé a autant de valeur qu'un jeton gagné, si ce n'est plus. Ce qui ne doit évidemment pas nous empêcher de prendre des risques occasionnellement. )Profiter grassement d'un coup du sort pour finalement vendanger et renflouer ses adversaires sans discernement n'est pas malin et même carrément con quand on se souvient que pour cela il avait mis en jeu tout son tournoi sans être shortstack.
(Évidemment certaines confrontations peuvent être considérées inévitables, d'après mes souvenirs. Encore que... )Quant à moi, j'ai un peu hésité à balancer la boîte préflop mais j'avais peur de faciliter la tâche à notre président dénué de subtilité que j'estimais
(espérais) avec un gros As.
(Pour une fois, je ne regrette aucunement la façon dont j'ai joué une main.)Mon A9s était affriolant mais trop léger à mon goût, c'est pourquoi germa dans mon esprit un dessein bien plus tordu : selon la texture du flop j'allais envisager un tapis bien senti avec "l'avantage" de la position en SB.
(Mon As avait de plus pour objectif de ne pas me servir, en tout cas directement. C'était toujours une munition en moins pour l'adversaire, si j'avais raison bien sûr. ) me parut un flop parfait pour représenter une overpair moyenne que je pouvais légitimement avoir d'après l'action préflop.
(Sans compter qu'avec des "fabuleux" jeux tels AJ, KQ, JT, 55, 22 avec lesquels mes 2 adversaires jouent très souvent, ils allaient vite devoir courber l'échine. Je savais à qui je m'adressais comme vous pouvez le constater.)Mes adversaires n'ont pas été dupes ou n'avaient pas envie d'être convaincu ou n'avaient tout simplement pas le courage de jeter leurs jeux minables ou voulaient voir ce qu'il sortait ensuite.
Ce qui m'a vraiment surpris c'est la rapidité d'action de mes opposants :
_ Fabien a pris quelques secondes pour payer à tapis avec ce que je croyais alors un brelan, une overpair ou qui sait une quinte floppée ;
_ François a été encore plus instinctif et a avancé ses jetons rapidement avec ce que je croyais alors une big overpair.
J'avais donc chié en beauté ma lecture du coup.
(Du moins le pensais-je alors.)Au dévoilement des cartes, je fus surpris d'avoir bien présumé de la force des cartes de mes ennemis : petite paire chez Fab (55) et gros As chez François (AJs).
Par contre, je fis une lecture psychologique désastreuse. En d'autres mots, j'ai encore surestimé largement mes adversaires.
Me vient donc cet adage improvisé de mon cru :
"L'empathie est une qualité très utile dont il ne faut pas user sans résilience au risque de s'abrutir." Gauthier
PS : J'ai failli me mettre en vainqueur moral puisque j'ai sorti quasi tout le monde, sans grand mérite toutefois. Yannick, Mathieu, Jérémy c'est moi, Fabien un peu mais moi beaucoup trop. J'ai un peu trop été l'artisan de ma défaite mais je suis tout de même content que la première paire d'As slowplayée préflop de ma carrière ait profité à Thomas plutôt qu'à un autre.
PS2 : J'ai bien dégueulé sur le dos de notre "petit président". J'espère qu'il me fera mentir un jour.